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    النص الكامل من كتاب L'algrie legendaire/c trumelet(ج3)

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    نقاش النص الكامل من كتاب L'algrie legendaire/c trumelet(ج3)

    مُساهمة من طرف Admin الأربعاء أبريل 30 2008, 21:03

    Sidi Ali, disons-nous, paraissait avoir renoncé à courir le monde ; mais, du caractère dont nous connaissons le saint homme, nous ne nous étonnerons pas de le voir, un jour, pris spontanément de l’irrésistible envie de quitter ses foyers pour aller se livrer à la prédication. Sidi Ali avait la manie de la conversion, et, précisément, il sentait qu’il y avait énormément à faire dans cette voie du côté du Djerid. Un matin, après avoir fait sommairement ses adieux à sa femme et à ses enfants, il monta sur sa jument, — une bête superbe, mais d’un âge voisin de la maturité, — puis il prit le chemin du sud-est. Le premier jour, il alla coucher à Gueltet-El-Beïdha, sur l’ouad El-Beïdha, près de Ksar-El-Hamra, non loin d’Aïn-El-lbel. Soit que sa jument eût été mal entravée, soit que, n’ayant pas été consultée, son amour-propre en eût été piqué, soit encore qu’elle eût préféré continuer à manger tranquillement son orge et sa halfa plutôt que de se lancer dans des aventures qui lui paraissaient plus fatigantes qu’intéressantes, quoi qu’il en soit, la corde et les entraves qui devaient la retenir au sol étaient complètement veuves de la bête quand Sidi Ali sortit de sa tente pour faire la prière du fedjeur.
    La première pensée qui jaillit du cerveau du saint marabout, — dans le Sud, c’est bien naturel, — c’est que sa jument lui avait été volée par quelque coupeur de route brûlant du désir de se monter à peu de frais. « Je vois bien que Dieu veut m’éprouver », se dit Sidi Ali, fort peu rassuré pourtant. Nous ne voulons pas cacher que le saint homme tenait à sa jument comme on tient ordinairement, — peut-être plus, — à ces choses-là. En effet, si on l’eût écouté, il n’y avait pas sa pareille dans tout le Sahra : pour les allures, la vitesse, l’adresse, l’intelligence, la sobriété, la noblesse de l’origine, aucune, — c’est Sidi Ali qui le disait, — ne pouvait lui être comparée, aucune ne lui allait seulement au boulet ; il ne voyait guère que Heïzoum, le cheval de l’ange Djebril (Gabriel), qui pût être mis en parallèle avec elle, et encore c’était un cheval, c’est-à-dire un gourmand, un braillard, un luxurieux. Comme tous les cavaliers, Sidi Ali citait à tout bout de champ des choses prodigieuses accomplies par sa jument, et, à force de les répéter, il en était arrivé à croire que tout ce qu’il racontait là-dessus était de la plus parfaite exactitude. Enfin, il tenait excessivement à sa jument. Nous n’aurions pas le courage de lui en faire un crime.
    Ce qui augmentait la contrariété de Sidi Ali, c’est que ses bagages avaient disparu avec sa monture, l’une emportant les autres, car il n’avait pas l’habitude de desseller sa bête. Les impedimenta du marabout n’étaient pas considérables, il est vrai, puisqu’ils ne se composaient que de deux sacs de peau, dont l’un renfermait quelques provisions de bouche, et l’autre son Koran ; mais, enfin, on n’aime pas perdre. On comprend bien que, si le saint homme était aussi légèrement approvisionné et outillé, c’est qu’il comptait tout naturellement sur l’hospitalité des gens auxquels il allait porter la parole divine.
    Sidi Ali voulut savoir, — ce n’était qu’une satisfaction personnelle, — la direction qu’avait pu prendre son voleur.
    Comme il avait plu pendant la nuit, — ce qui, déjà à cette époque, n’était pas rare dans le pays, — la terre, détrempée par les eaux, gardait parfaitement toutes les empreintes ; il fut donc facile à Sidi Ali de retrouver les traces de sa jument et de les suivre. C’est ce qu’il fit ; mais ce qui l’étonna au suprême degré, c’est qu’on ne remarquait pas la moindre trace du pied de l’homme autour du point où avait été attachée la jument. Il fallait donc ou qu’elle fût partie seule après s’être désentravée, ou que celui qui l’avait emmenée fût tombé du ciel en selle sur la bête.
    Tout en réfléchissant à la bizarrerie de cette aventure, le marabout suivait toujours les traces de sa jument : il n’y avait pas à s’y tromper ; il connaissait l’empreinte des pieds de l’animal mieux qu’il ne connaissait les siennes propres.
    Le saint commença à respirer quand il vit que la direction des traces le conduisait dans le nord-ouest, c’est-à-dire du côté de Haci-Tiouelfl n. « Peut-être, se disait-il, sera-t-elle retournée sur mes tentes : ce serait le signe alors que Dieu n’approuve pas plus mon voyage au Djerid que celui que,
    jadis, je voulais faire aux villes saintes. » Tant que Sidi Ali fut en plaine, il put assez facilement suivre les traces de sa jument; malheureusement, cette investigation devenait de plus en plus problématique, à cause de la nature rocailleuse du sol, à mesure qu’il approchait de la chaîne boisée du Senn-El-Lebba. Le marabout désespérait déjà de pouvoir continuer ses recherches ; mais il fut tout à fait rassuré, — et il en loua Dieu, — quand il reconnut que sa jument avait broutillé çà et là, des deux côtés du chemin, des branches de pin d’Alep qu’elle semblait avoir rejetées et semées à terre. Ce qui permettait surtout d’attribuer cet abatis à la bête, c’est que, de distance en distance, on retrouvait très bien l’empreinte de son pied. C’était miraculeux ! Aussi, bien que la marche fût fort longue, Sidi Ali,
    — tant il était rempli de joie, — ne se sentait pas du tout fatigué.
    A l’heure de la prière du moghreb, Sidi Ali arrivait sur les collines qui dominent l’Aïn-El-Azria, et en vue de Haci-Tiouelfi n ; quelques minutes après, il était sur ce puits. Qu’on juge de la surprise et de la douleur du saint quand, s’étant approché des eaux, il aperçut sa jument gisant au fond du puits(12), et dans une attitude indiquant qu’elle avait cessé de vivre. Le quadrupède, — c’est ainsi qu’on s’expliqua l’accident, — était sans doute tombé dans le puits en cherchant à manger l’herbe qui en tapissait les abords.
    Après avoir fait mentalement l’oraison funèbre de sa jument, et tempéré ses regrets en songeant qu’elle était figée d’une vingtaine d’années, SidiAli comprit qu’il fallait la tirer de là. Ce n’était pas une petite affaire. Il fit appeler les élèves de sa Zaouïa, qui ne l’attendaient pas, et qui s’occupaient de tout autre chose que de l’étude des belles-lettres ; mais ce fut vainement. Sidi Ali se décida alors à pousser jusqu’à ses tentes : il n’y trouva que trois tholba, qui paraissaient s’efforcer de calmer les inquiétudes de la belle Toumis au sujet des dangers du long voyage qu’avait entrepris son poux.Au moment où le marabout soulevait le haïal (rideau) du compartiment des femmes, son meilleur élève en théologie, un hafodh(13) consommé, récitait la Tounis, avec des yeux chargés d’électricité, et de la passion plein la voix, le verset 20 du chapitre XXX du Koran : « C’est un des signes de la puissance de Dieu de vous avoir donné des femmes créées de vous-mêmes pour que voue habitiez avec elles. Il a établi entre vous l’amour et la tendresse. Il y a dans ceci, — ô Tounis ! ajoutait le bouillant
    hafodh, — des signes pour ceux qui réfl échissent. » Nous ne savons pas trop ce qu’allait répondre la sensible Tounis ; mais ce dont nous sommes presque certain, c’est que cette apparition inattendue gêna énormément les Melba et la ravissante épouse du marabout. Ils parurent d’abord fort embarrassés de leurs mains, — bien plus qu’avant l’arrivée de Sidi Ali, — et leur contenance manquait complètement de fi erté. Tounis l’échappa belle : ce qui la sauva, c’est que les tholba étaient trois ; ce nombre avait entièrement rassuré le marabout et effacé le soupçon qui lui avait traversé l’esprit. Seule avec l’élève en théologie, Tounis était perdue. Quelle leçon pour les femmes !
    Quand Sidi Ali eut raconté à sa femme et à ses disciples la cause de son retour et le malheur qui était arrivé à sa jument, tous s’empressèrent, heureux d’en être quittes à si bon marché, de se porter sur le puits de Tiouelfi n pour secourir, s’il en était temps encore, la plus remarquable bête
    du pays. Un des plus anciens élèves de la Zaouïa, qui avait presque perdu la vue sur les livres d’Abd-Allah-ben-Ahmed-ben-Ali-El-Bithar (le vétérinaire), descendit dans le puits pour s’assurer s’il restait quelque espoir de sauver la jument, qui, du reste, ne donnait plus signe de vie. Le vétérinaire ne tarda pas à reconnaître et à déclarer que la bête avait succombé aux suites d’une asphyxie par submersion.
    Pour hâter l’arrivée de la résignation musulmane dans l’âme de Sidi Mi, le vétérinaire ajouta : « C’était écrit chez Dieu ! » c’était tout ce qu’elle avait à vivre ! »
    « C’était écrit chez Dieu ! » répétèrent les assistants en levant les yeux au ciel ; et tout fut dit. Un trop long séjour de la jument dans le puits ne pouvant, en aucune façon, améliorer la qualité de ses eaux, on résolut de l’en extraire. On lui passa donc des cordes sous le ventre, et l’on chercha à la hisser sur les bords du puits. L’opération présentait d’autant plus de difficultés que le fond sablonneux du huci manquait complètement de consistance. Les tholba parvinrent cependant à mettre la jument sur ses jambes; un dernier et vigoureux coup de collier de tous les élèves, qui avaient fini par apprendre le retour du marabout, amena l’extraction de l’animal. Mais, ô merveille ! de chacun des quatre points marqués au fond du puits par les pieds de la jument, jaillissait subitement une source abondante, et dont les eaux, d’une limpidité parfaite, retombaient en s’arrondissant gracieusement comme les feuilles du palmier.
    Il y avait évidemment là un miracle ; aussi tous ceux qui venaient d’en être témoins se mirent-ils à louer Dieu, qui daignait se manifester ainsi aux yeux de ses serviteurs.
    En présence de ce prodige, dont le bruit se répandit rapidement dans le Sahra, les disciples de Sidi Ali n’hésitèrent pas à attribuer à la vertu et à la haute piété de leur maître la délégation que Dieu lui avait faite d’une émanation de son pouvoir : pour eux, Sidi Ali avait le don des miracles, et ils mirent une certaine ostentation à le répéter à qui voulait l’entendre : comme la lune, ils brillaient d’un éclat emprunté.
    Après avoir fait donner une sépulture convenable à sa jument, qui, en résumé, avait été l’instrument dont Dieu s’était servi pour opérer son miracle, Sidi Ali décida que, pour en perpétuer le souvenir, le lieu où le prodige s’était produit se nommerait désormais Charef, qui signifie noble, élevé, d’un grand âge, en mémoire de sa jument, qui, de tous les chevaux du Sahra, était le plus noble, de l’origine la plus élevée, et le plus respectablement âgé(14).
    « Et depuis cette époque, — il y a de cela quinze pères, nous disait Mohammed-ben-Ahmed, le dernier descendant direct de Sidi Ali-ben-Mohammed, — Tiouelfi n a pris et conservé le nom de Charef. »
    Ce miracle augmenta prodigieusement la réputation de sainteté de Sidi Mi; ce fut, de tous les points du Sahra, à qui viendrait dresser sa tente auprès de la sienne, et entendre ses pieuses et savantes leçons. Il avait tout à fait renoncé à ses tentatives de voyage, qui, à deux reprises différentes, lui avaient si mal réussi. Pour marquer son intention bien arrêtée de ne plus quitter Charef, il abandonna ses tentes et fit bâtir une maison au nord-ouest du point où, plus tard, s’éleva le ksar actuel. Quelques-uns de ses disciples en firent autant, et ces constructions, réunies autour de l’habitation du chikh, composèrent bientôt un petit ksar qui prit rapidement de la réputation comme sanctuaire des sciences et de la religion. Après une existence dont les dernières années avaient été marquées par de bonnes œuvres et par une grande piété, Sidi Ali-ben-Mahammed s’éteignit doucement au milieu de ses disciples, en témoignant que « Dieu seul est Dieu, et que Mohammed est l’apôtre de Dieu(15) ».
    On montre encore, à quelque distance du ksar de Charef, une haouïtha(16) qu’on dit renfermer le tombeau de Sidi Ali-ben-Mahammed.
    Nous dirons cependant que, suivant une autre version, Sidi Ali aurait renversé à plusieurs reprises la chapelle qu’avaient élevée sur son tombeau ses disciples et ses serviteurs religieux, et qu’on ignore absolument aujourd’hui où furent déposés les restes mortels de l’illustre fondateur de
    Charef.


    __________________
    1. Coucher du soleil.
    2. Le point du jour.
    3. Le moudden est ce fonctionnaire du culte musulman qui, cinq fois par jour, annonce, du haut du minaret des mosquées, l’heure de la prière aux Croyants. Dans les douars, le moudden fait l’appel à la prière en se plaçant au centre du cercle formé par les tentes.
    4. Avertissement fait par le moudden une heure avant la prière du fedjeur, ou point du jour.
    5. Il n’est pas rare de rencontrer des Arabes pouvant fournir la série de leurs ancêtres jusqu’au premier homme.
    6. Muslam.
    7. « Au nom de Dieu le clément, le miséricordieux ! » invocation qui se lit en tête de la première sourate du Koran, et qui se répète au commencement de toutes les autres.
    8. L’algèbre.
    9. Croyance sahrienne.
    10. C’est-à-dire : « Elle avait les lèvres vermeilles et les dents blanches. »
    11. Vers une heure de l’après-midi.
    12. Il arrive parfois que, les haci étant comblés par les sables, les eaux viennent sourdre presque au niveau du sol. C’est le cas du Haci-Tionelfi n, lequel n’a pas de profondeur. Dans le Sahra, on donne aussi le nom de haci à un puits-citerne où les eaux de pluie se ramassent.
    13. Hafodh, celui qui sait tout le Koran par cœur, ou les six traditions principales relatives à Mahomet.
    14.Ksar-ech-Charef peut signifi er tout simplement le vieuxKsar.
    15. La formule : « Il n’y a d’autre divinité que Dieu, et Mohammed est l’apôtre de Dieu », ou plutôt ces deux propositions sont appelées les témoignages, les confessions. Il suffit de les prononcer avec conviction pour devenir musulman. A l’heure de la mort, elles sont également suffisantes pour vous ouvrir le séjour des bienheureux. L’Islam accorde à la loi la prééminence sur les œuvres, et croire est tout ce qu’on demande au musulman.
    16. Haouïtha, petite muraille élevée circulairement ou sur une courbe en forme de fer à cheval, et renfermant le tombeau d’un saint marabout. Cette muraille est bâtie soit en pierres sèches, soit en maçonnerie grossière.
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    أميرة
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    نقاش رد: النص الكامل من كتاب L'algrie legendaire/c trumelet(ج3)

    مُساهمة من طرف أميرة السبت أبريل 16 2011, 21:37

    السلام عليكم
    جزاك الله خير

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