• La Légende du Marabout
La Légende du Marabout
La ville de Sidi Bel-Abbés, née dans un siècle de réalisme, a-t-elle le droit de réclamer pour son berceau une auréole de merveilleux ?
Pourquoi pas ?
Si Lamoricière, si Bugeaud, si Prudon furent ses fondateurs suivant la loi des hommes, ne peut-on pas accorder au marabout Sidi Bel-Abbés de l'avoir été suivant la loi de dieu ?
Il se trouvait là, en effet, avant les Français, et sa Kouba fut le jalon planté par la destinée pour suggérer aux hommes les conceptions stratégiques et économiques qui font éclore les villes.
Je devais donc consacrer au moins un chapitre de mon livre à l'histoire du saint marabout. Mais lorsque j'ai fait appel aux souvenirs épars dans le pays, que a surgi tant de versions de la mémoire populaire, que j'ai dû, avec les meilleurs éléments de chacune, composer une légende que j'appellerai -éclectique ou moyenne c'est celle que je vais raconter.
Son grand-père, Sidi El-Bouzidi, quitta le pays de la mecque pour se rendre en Algérie, il voyage durant de nombreuses années à travers le Hedjaz l'Egypte, la Cyrénaique, la Sidi Bel-Abbés était un chérif, c'est-à-dire un descendant du prophète.
Tripolitaine et la tunisie. Il avait cent ans quand il arriva à El-Aflou dans le Sud-Algérien. C'est là qu'il prit femmes et qu'il mourut à 114 ans après avoir e014 enfants.
Un des fils de ce voyageur, appelé comme lui Sidi-El-Bouzidi, suivit une caravane qui se rendait à Fez et parvint à se faire admettre dans-une des écoles réputées de cette capitale du Maghreb.
Au bout de quelques années le jeune étudiant était devenu l'émule de -ses maîtres, et Tlemcen l'appelait à professer dans sa célèbre médersa, Son -enseignement le fit briller d'un vif éclat, On accouru de très loin pour l'entendre, et on dit même que, le Sultan du Maroc, très versé dans l'exégèse coranique, ne recula pas devant un déplacement pénible pour se faire, durant quelques jours, son auditeur.
C'est de ce savant ouléma de la médersa de Tlemcen, que naquit Sidi Bel-Abbés.
Le fils de Sidi-El-Bouzidi aurait pu lui aussi se livres à l'étude des textes sacrés dans l'ombre douce des mosquées, Mais Dieu ne le voulut pas, il avait dès sa naissance, marqué son serviteur du sceau du sacrifice et de la peine.
Comme le jeune chérif venait d'atteindre sa vingt-cinquante année, il eut un songe ou Allah lui disait : « Prends ton bâton et va porter ma parole aux tribus errantes de la plaine et de la montagne, Si tu obéis à mes ordres, et si tu secondes mes desseins, je te donnerai des champs fertiles des femmes fécondes et une nombreuse postérité ».
Et Sidi Bel-Abbés s'étant réveillé, se tourna vers l'orient pour réciter sa prière et fit ce que Dieu lui avait ordonné.
Il amena les hommes simples de la brousse à écouter ses enseignements et il leur apprit à dominer les passions à exalter la vertu à aimer la justice et à pratiquer la charité.
Personne n'osait plus entreprendre quoi que ce soit sans en référer à sa sagesse et tout ce qu'il conseillait ne manquait pas de réussir.
Parfois les chefs de tribus venaient lui dire : « Père, pourquoi ne l'établis¬-tu pas parmi nous, nos- biens seraient les biens et nous le donnerions en mariage les plus gracieuses de nos filles ? »
Dieu pensait autrement : « marche, ô mon serviteur, lui disait-il, dans les songes, marche l'heure du repos n'a pas encore sonné ».
Et la paix, la concorde et la prospérité régnaient sur les territoires visités par le marabout. C'est alors qu'intervint le démon, il commençait à trembler pour sa puissance, il réveilla les basses passions et les mauvais instincts. A son instigation un faux prophète apparut qui disait : « le mendiant Bel-Abbés à indisposé Allah par son orgueil. Si vous ne le chassez à coup de pierres, il fixera la malédiction divine sur vos têtes et sur celle enfants ».
Les hommes simples qui avait cru en de Dieu crurent aussi en l'envoyé du démon. Ils cherchèrent le chérif pour le faire punir Allah qui veillait sur son serviteur, le fit conduit les anges dans la forêt de Messer ou il vécut des années de plantes sauvages et de racines.
Et partout ou Sidi Bel-Abbés avait vertu, le démon ramenait le vice et le jouit haine et la jalousie corrompaient les cœurs guerre fut 1 état permanent des tribus.
Et comme le bonheur est incompatible vice, le pays vit bientôt s'abattre sur lui grandes calamités. Il y eut des famines épidémies, ou la mort fauche dans les comme dans un champ de moissons.
Un vieillard sur le point d'expirer eut du péché qui pesait sur les peuples et il pensés enfants et à ses petits-enfants :
En chassant le marabout Sidi Bel-Abbés avons chassé Dieu. Si vous ne pouvez pas vous pardonner de lui, vous périrez tous jusqu'au Hâtez-vous de répandre ces paroles dans les esprits de vous humilier devant le saint homme.
Les conseils du vieillard furent écouté mit à battre la brousse et la forêt pour retrouver marabout.
Il avait été convenu que la tribu qui première ses efforts couronnés de conserverait chez elle l'élu d'Allah et qu'ils construirait une zaouia digne de ses mérites advint que les Amarnas et les Sidi Brahim découvrirent à la forêt la retraite de Sidi Bel-Abbés.
Une grave dispute s'ensuivit qui dégénéra en comblet armé.
La victoire échut aux Ouled-Brahim, Dans leur fol orgueil, ils se crurent maîtres du marabout, ils l'invitèrent à quitter la forêt pour venir résider sur les terres. Mais celui-ci répondit, en levant les yeux et la main droite vers le ciel : « Dieu m'a retiré de parmi vous parce que vous l'avez gravement offensé en doutant de la parole de son envoyé. Dieu est le seul grand et Mohamed est son prophète. Je ne bougerai pas d'ici sans leur ordre. Priez et repentez-vous, car la miséricorde du tout-puissant est immense ».
En vain le caid se porte-t-il garant des bonnes intentions de la tribu : en vain, les talebs mêlent le coran à leurs supplication ; en vain les anciens se réclament de leurs cheveux blancs, Sidi Bel abbés, dans sa résistance est inébranlable comme un roc.
Les Arabes désespérés, s'agitent et dans un moment de démence, ils portent la main sur le rempli soudain de l'esprit de Dieu, se change en colombe et disparaît.
Les Ouled Brahim voyant le miracle qui s'est accompli, tombent le visage contre béire et implorent Allah.
La colombe vola jusqu'à une colline dite Sidi-Amar, qui dominait les marais de la Meherra. Après être restée longtemps perchée sur un arbre. La colombe (EI-Hamama) :
Elle descendit doucement à terre et reprit sa forme première.
Un berger du nom de Bensalah, de la tribu des Amarnas, fut témoin de cette métamorphose et poussa un cri d'admiration.
Sidi Bel-Abbés lui dit, : « Malheur à toi si tu révèles ce qui vient de se produire, car les hommes ne doivent pas savoir ce que je suis devenu ».
Mais le pasteur ne sut pas conserver un aussi grand secret. Il en fit part à Sidi-Djelloul-Ould-Maleh, compagnon d'ascétisme de Sidi Bel-Abbés qui se dirigea, en toute hâte, vers la colline de Sidi-Amar. A la force de supplications, il obtint du marabout qu'il pardonnât à ses persécuteurs et qu'il ne prit plus la forme d'une colombe pour se soustraire à leur vénération.
Alors les Ouled-Brahim et les Amarnas gravirent à leur tour la colline, et s'étant humiliés-devant Sidi Bel-Abbés, il lui donnèrent des champs fertiles, des Khammès pour les cultiver, et des épouses très belles dont il eut une grande postérité. Et ce fut ainsi que s'accoupler la promesse qu'Allah avait faite à son serviteur.
Après une longue vie de sainteté, et vers l'année 1780 de notre ère, le patriarche sentant sa fin venir, demanda à contempler une dernière fois les marais remplis de roseaux qui s'étendaient devant sa vue. On rapporte qu'il eut, à ce moment, une vision céleste qui le transfigura. Aurait-il entrevu la grande ville qui allait éclore et prospère sous son nom ?
L'homme de Dieu étant mort, on lui fit de pieuses funérailles. Ses restes furent placés dans une kouba (1) que l'on construisit sur la colline ou s'était arrêtée la colombe miraculeuse.
Un' silence religieux régna autour du sanctuaire vénéré des tribus, jusqu'au jour ou le clairon de l'année française, déchirant l'air de ses notes aigres et cuivreuse, annonça à la brousse les temps nouveaux.
De la kouba du marabout, allait naître la ville de Sidi Bel-Abbés.
SIGNE HABRI ABDELKADER ALIAS USMO
La Légende du Marabout
La ville de Sidi Bel-Abbés, née dans un siècle de réalisme, a-t-elle le droit de réclamer pour son berceau une auréole de merveilleux ?
Pourquoi pas ?
Si Lamoricière, si Bugeaud, si Prudon furent ses fondateurs suivant la loi des hommes, ne peut-on pas accorder au marabout Sidi Bel-Abbés de l'avoir été suivant la loi de dieu ?
Il se trouvait là, en effet, avant les Français, et sa Kouba fut le jalon planté par la destinée pour suggérer aux hommes les conceptions stratégiques et économiques qui font éclore les villes.
Je devais donc consacrer au moins un chapitre de mon livre à l'histoire du saint marabout. Mais lorsque j'ai fait appel aux souvenirs épars dans le pays, que a surgi tant de versions de la mémoire populaire, que j'ai dû, avec les meilleurs éléments de chacune, composer une légende que j'appellerai -éclectique ou moyenne c'est celle que je vais raconter.
Son grand-père, Sidi El-Bouzidi, quitta le pays de la mecque pour se rendre en Algérie, il voyage durant de nombreuses années à travers le Hedjaz l'Egypte, la Cyrénaique, la Sidi Bel-Abbés était un chérif, c'est-à-dire un descendant du prophète.
Tripolitaine et la tunisie. Il avait cent ans quand il arriva à El-Aflou dans le Sud-Algérien. C'est là qu'il prit femmes et qu'il mourut à 114 ans après avoir e014 enfants.
Un des fils de ce voyageur, appelé comme lui Sidi-El-Bouzidi, suivit une caravane qui se rendait à Fez et parvint à se faire admettre dans-une des écoles réputées de cette capitale du Maghreb.
Au bout de quelques années le jeune étudiant était devenu l'émule de -ses maîtres, et Tlemcen l'appelait à professer dans sa célèbre médersa, Son -enseignement le fit briller d'un vif éclat, On accouru de très loin pour l'entendre, et on dit même que, le Sultan du Maroc, très versé dans l'exégèse coranique, ne recula pas devant un déplacement pénible pour se faire, durant quelques jours, son auditeur.
C'est de ce savant ouléma de la médersa de Tlemcen, que naquit Sidi Bel-Abbés.
Le fils de Sidi-El-Bouzidi aurait pu lui aussi se livres à l'étude des textes sacrés dans l'ombre douce des mosquées, Mais Dieu ne le voulut pas, il avait dès sa naissance, marqué son serviteur du sceau du sacrifice et de la peine.
Comme le jeune chérif venait d'atteindre sa vingt-cinquante année, il eut un songe ou Allah lui disait : « Prends ton bâton et va porter ma parole aux tribus errantes de la plaine et de la montagne, Si tu obéis à mes ordres, et si tu secondes mes desseins, je te donnerai des champs fertiles des femmes fécondes et une nombreuse postérité ».
Et Sidi Bel-Abbés s'étant réveillé, se tourna vers l'orient pour réciter sa prière et fit ce que Dieu lui avait ordonné.
Il amena les hommes simples de la brousse à écouter ses enseignements et il leur apprit à dominer les passions à exalter la vertu à aimer la justice et à pratiquer la charité.
Personne n'osait plus entreprendre quoi que ce soit sans en référer à sa sagesse et tout ce qu'il conseillait ne manquait pas de réussir.
Parfois les chefs de tribus venaient lui dire : « Père, pourquoi ne l'établis¬-tu pas parmi nous, nos- biens seraient les biens et nous le donnerions en mariage les plus gracieuses de nos filles ? »
Dieu pensait autrement : « marche, ô mon serviteur, lui disait-il, dans les songes, marche l'heure du repos n'a pas encore sonné ».
Et la paix, la concorde et la prospérité régnaient sur les territoires visités par le marabout. C'est alors qu'intervint le démon, il commençait à trembler pour sa puissance, il réveilla les basses passions et les mauvais instincts. A son instigation un faux prophète apparut qui disait : « le mendiant Bel-Abbés à indisposé Allah par son orgueil. Si vous ne le chassez à coup de pierres, il fixera la malédiction divine sur vos têtes et sur celle enfants ».
Les hommes simples qui avait cru en de Dieu crurent aussi en l'envoyé du démon. Ils cherchèrent le chérif pour le faire punir Allah qui veillait sur son serviteur, le fit conduit les anges dans la forêt de Messer ou il vécut des années de plantes sauvages et de racines.
Et partout ou Sidi Bel-Abbés avait vertu, le démon ramenait le vice et le jouit haine et la jalousie corrompaient les cœurs guerre fut 1 état permanent des tribus.
Et comme le bonheur est incompatible vice, le pays vit bientôt s'abattre sur lui grandes calamités. Il y eut des famines épidémies, ou la mort fauche dans les comme dans un champ de moissons.
Un vieillard sur le point d'expirer eut du péché qui pesait sur les peuples et il pensés enfants et à ses petits-enfants :
En chassant le marabout Sidi Bel-Abbés avons chassé Dieu. Si vous ne pouvez pas vous pardonner de lui, vous périrez tous jusqu'au Hâtez-vous de répandre ces paroles dans les esprits de vous humilier devant le saint homme.
Les conseils du vieillard furent écouté mit à battre la brousse et la forêt pour retrouver marabout.
Il avait été convenu que la tribu qui première ses efforts couronnés de conserverait chez elle l'élu d'Allah et qu'ils construirait une zaouia digne de ses mérites advint que les Amarnas et les Sidi Brahim découvrirent à la forêt la retraite de Sidi Bel-Abbés.
Une grave dispute s'ensuivit qui dégénéra en comblet armé.
La victoire échut aux Ouled-Brahim, Dans leur fol orgueil, ils se crurent maîtres du marabout, ils l'invitèrent à quitter la forêt pour venir résider sur les terres. Mais celui-ci répondit, en levant les yeux et la main droite vers le ciel : « Dieu m'a retiré de parmi vous parce que vous l'avez gravement offensé en doutant de la parole de son envoyé. Dieu est le seul grand et Mohamed est son prophète. Je ne bougerai pas d'ici sans leur ordre. Priez et repentez-vous, car la miséricorde du tout-puissant est immense ».
En vain le caid se porte-t-il garant des bonnes intentions de la tribu : en vain, les talebs mêlent le coran à leurs supplication ; en vain les anciens se réclament de leurs cheveux blancs, Sidi Bel abbés, dans sa résistance est inébranlable comme un roc.
Les Arabes désespérés, s'agitent et dans un moment de démence, ils portent la main sur le rempli soudain de l'esprit de Dieu, se change en colombe et disparaît.
Les Ouled Brahim voyant le miracle qui s'est accompli, tombent le visage contre béire et implorent Allah.
La colombe vola jusqu'à une colline dite Sidi-Amar, qui dominait les marais de la Meherra. Après être restée longtemps perchée sur un arbre. La colombe (EI-Hamama) :
Elle descendit doucement à terre et reprit sa forme première.
Un berger du nom de Bensalah, de la tribu des Amarnas, fut témoin de cette métamorphose et poussa un cri d'admiration.
Sidi Bel-Abbés lui dit, : « Malheur à toi si tu révèles ce qui vient de se produire, car les hommes ne doivent pas savoir ce que je suis devenu ».
Mais le pasteur ne sut pas conserver un aussi grand secret. Il en fit part à Sidi-Djelloul-Ould-Maleh, compagnon d'ascétisme de Sidi Bel-Abbés qui se dirigea, en toute hâte, vers la colline de Sidi-Amar. A la force de supplications, il obtint du marabout qu'il pardonnât à ses persécuteurs et qu'il ne prit plus la forme d'une colombe pour se soustraire à leur vénération.
Alors les Ouled-Brahim et les Amarnas gravirent à leur tour la colline, et s'étant humiliés-devant Sidi Bel-Abbés, il lui donnèrent des champs fertiles, des Khammès pour les cultiver, et des épouses très belles dont il eut une grande postérité. Et ce fut ainsi que s'accoupler la promesse qu'Allah avait faite à son serviteur.
Après une longue vie de sainteté, et vers l'année 1780 de notre ère, le patriarche sentant sa fin venir, demanda à contempler une dernière fois les marais remplis de roseaux qui s'étendaient devant sa vue. On rapporte qu'il eut, à ce moment, une vision céleste qui le transfigura. Aurait-il entrevu la grande ville qui allait éclore et prospère sous son nom ?
L'homme de Dieu étant mort, on lui fit de pieuses funérailles. Ses restes furent placés dans une kouba (1) que l'on construisit sur la colline ou s'était arrêtée la colombe miraculeuse.
Un' silence religieux régna autour du sanctuaire vénéré des tribus, jusqu'au jour ou le clairon de l'année française, déchirant l'air de ses notes aigres et cuivreuse, annonça à la brousse les temps nouveaux.
De la kouba du marabout, allait naître la ville de Sidi Bel-Abbés.
SIGNE HABRI ABDELKADER ALIAS USMO